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Nat. 3 deuxième ronde : un match sous tension

Le compte-rendu d’Olivier B.

Quelle lourde charge déposée sur mes frêles épaules. Ce capitanat inattendu en Nationale en l’absence du chef fut rempli de tensions de tous les instants, et ce match fut assurément plein de rebondissements. D’autant plus que la sympathique équipe de l’ASCE, que nous avions rencontrée et vaincue de justesse l’an passé, fut cette fois considérablement renforcée par rapport à la ronde précédente. Je les jugeais légèrement favoris sur le papier au démarrage du match. L’absence de notre chef se faisait durement ressentir : n’allait-il pas là manquer l’occasion de marquer le point décisif ?

Après les préambules d’usage et le café tout autant, le match fut entamé pied au plancher. Sans tenir compte des virages. Assez rapidement en effet nos renforts des deux derniers échiquiers subirent les coups de boutoir de leurs adversaires intrépides : Théo ignora à tort un clouage et, mis face à l’évidence, joua avec panache et abandonna donc deux coups plus tard. Serge ne ploya pas sous une aussi vile tactique, mais perdit dans un tout autre genre puisqu’il laissa se développer sans résistance une attaque foudroyante contre son roque. Il ne put que constater l’inévitable et coucha le roi avant le feu d’artifice.

Face à mes responsabilités, j’entamai donc une revue des troupes. Le moral était franchement au plus bas car, au-delà de ces deux premiers pions encaissés, le Prof faisait grise mine, Dragan laissait se développer l’initiative adverse à l’aile dame (sans parler du pion), et Laurent semblait même condamné à bouillir dans une finale très inférieure. Je ne pouvais quant à moi prétendre qu’à une saine égalité. Seules les parties de Jean-Marie et Nathan étaient pleines de vie, le premier faisant face à un sacrifice de qualité intéressant, le second à un milieu de jeu sans dame à la structure symétrique.

Qu’à cela ne tienne, il ne restait plus qu’à gravir le K2 malgré leur retraite. Ce fut tout d’abord Alain qui parvint à annihiler les velléités adverses pourtant légitimes au regard de son roi vite déroqué. La nulle fut en vérité vite conclue dans une position débarrassée de son venin. Puis mon adversaire me concéda des cases pour insérer une tour au cœur de sa position. L’initiative qui en découla à la fois contre ses pions faibles et son roi fut trop lourde à supporter, et je parvins à empocher le point sans coup férir.

Mais le véritable miracle, sans aucun doute la conséquence de mon coaching décisif, fut l’empapaoutage de Laurent qui sortit du marais pour aller gagner une finale tour + fou avec un pion de moins. Et on ne parle pas là d’une insidieuse arnaque de café avec un gain de pièce immérité. Non, ça n’est pas là le standing du bonhomme. Il fut en tout état de cause habité par l’esprit de Capablanca, certainement inspiré par le cours de la veille de Fabrice. Alors que j’en étais à guetter l’opportunité qu’il avait d’échanger les fous pour tenter la nulle dans une finale de tours avec un pion de moins, notre fier arbitre avait d’autres ambitions et activa tellement sa tour qu’il contraignit son adversaire à les échanger. Puis l’activité de son roi fit basculer la partie dans notre escarcelle. Certainement l’aube d’une reconversion dans la composition d’études, je ne vois que ça.

Je constatai alors que, galvanisés par la fortune, les parties de Jean-Marie (qui échangeait les pièces jusqu’à la finale, toujours avec sa qualité de plus) et de Nathan (qui accula une tour adverse à la bande sans espoir de retour) se dirigèrent vers leur glorieuse fin. Je pouvais enfin souffler, l’infamie ne touchera donc pas ma famille : nous menions alors 4 à 2, sans risque d’être rejoint désormais.

Mais le tableau n’aurait pas été complet sans la cerise sur le gâteau, ou plutôt devrais-je dire le dragon sur sa montagne. Au 32ème coup dans une finale tour + cavalier contre tour + fou, là encore avec un pion de moins (décidément !), la partie dura encore le double. L’esprit de Capablanca, qui en avait fini avec Laurent et n’avait RDV que plus tard le soir pour une séance de spiritisme, fit donc un détour par la seule partie restante pour donner un coup de pouce au destin et achever ce superbe scénario.

Après moultes libations nous savourâmes le tour heureux que prit cette rencontre. Et nous nous tournons maintenant l’œil vif vers le week-end déjà décisif qui nous attend les 7 et 8 décembre prochain, au cours duquel nous jouerons les deux autres coleaders du groupe.

2 commentaires.

  1. Merci capitaine adjoint pour la brillante prestation de ton équipe et ce non-moins brillant compte-rendu.

    Et bravo à tous les membres de l’équipe pour votre combativité.

  2. Bravo pour ce compte rendu Olivier ! J’ai l’impression de revivre le match.
    Le score est resté longtemps incertain.

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