[Coupe de France – premier tour] : Allégories
Cet été, alors que je visitais des musées pour profiter de la clima… parfaire mon éducation artistique, j’ai été frappé par le fait que certains tableaux peuvent représenter, au moins de manière allégorique, des situations que nous retrouvons lors de nos parties.
J’en veux pour preuve ce premier match de la saison durant lequel nous rencontrions, pour le premier tour de coupe de France, le club de Levallois Potemkine.
La composition de l’équipe ne fut pas aisée. De nombreux joueurs pressentis étaient hésitant, d’autres préféraient participer au match d’interclubs la semaine suivante.
Finalement l’équipe était composée d’Olivier B. au premier échiquier avec les blancs, Olivier R. avec les noirs au deuxième, Benoît au troisième avec les noirs également et Laurent avec les blancs au quatrième échiquier. Laurent assura de surcroit l’arbitrage de match.
À la lecture de la feuille de match, nous étions légèrement favoris : si les deux rencontres aux premiers échiquiers étaient équilibrées, Laurent et Benoît avaient un léger avantage au classement Elo.
Après les recommandations d’usage de Laurent, le combat fut lancé.
Au premier échiquier, Olivier B. et son adversaire choisirent une variante calme et très positionnelle avec un précoce échange des dames et une structure de pions symétrique.
Olivier R. dévia de sa défense habituelle dès le deuxième coup. Les blancs échangèrent avec application toutes les pièces que notre deuxième échiquier développait gardant ainsi un léger avantage d’espace
Benoît, pour sa première partie avec sa nouvelle ouverture, obtint rapidement ce qu’il souhaitait : structure de pion adverse dégradée et cavalier contre mauvais fou.
Laurent sacrifia un pion dans l’ouverture mais, peu inspiré, ne trouva pas l’énergique continuation nécessaire et dû se résoudre à en sacrifier un deuxième.
Après un court séjour à Saint-Pierre-et-Miquelon, David et sa compagne vinrent supporter les enghiennois. À la vue des positions la perplexité se lisait sur leurs visages.
Au premier échiquier les échanges aplanissaient la position et Olivier B. manqua quelques ressources (cachées) de conserver un léger avantage.
Au deuxième, l’avantage d’espace des blancs commençait à devenir sensible. On notera la très subtile manœuvre Rd7, Td8, Rc8 qui permettait de faire le grand roque en trois coups au lieu d’un seul.
À ces deux échiquiers, la gestion du temps, sans être catastrophique devenait problématique.
Jouant avec précision, l’adversaire de Laurent repoussa les maladroites tentatives des blancs qui durent bientôt se résigner.
Enghien-les-Bains – Levallois-Perret 0-1
Après la partie Laurent expliqua qu’il n’avait pas abordé la partie de la meilleure des manières, jouant plusieurs coups inférieurs.
Peu après, Benoît pris des risques stratégiques pour tenter d’exploiter tactiquement une erreur de son adversaire
La position d’Olivier R. passait peu à peu d’étroite à resserrée puis à étouffante. Sa tentative de libération ratée aggrava la situation. Sa position devint désespérée.
Au troisième échiquier, les complications tactiques furent maîtrisées et Benoît repoussa énergiquement la dernière tentative de son adversaire.
Enghien-les-Bains – Levallois-Perret 1-1
Il n’y eu pas de miracle au deuxième échiquier : l’adversaire d’Olivier R. convertit sans problème son gigantesque avantage spatial en avantage matériel écrasant.
Enghien-les-Bains – Levallois-Perret 1-2
Dès lors, les espoirs de qualification reposaient sur les épaules d’Olivier B. qui se voyait contraint de forcer une position parfaitement égale.
Comme souvent dans cette situation, le camp qui tente de forcer une position égale prend des risques inconsidérés. La finale (quatre pions symétriquement disposés sur la même aile, fou blanc contre cavalier noir) n’offrait absolument aucune perspective de gain. Et sa tentative de forcer se retourna contre le premier échiquier enghiennois.
Enghien-les-Bains – Levallois-Perret 1-3
Au vu des parties, le score est sévère mais la victoire de nos adversaires méritée.
À dimanche prochain pour la première ronde d’interclubs et l’année prochaine pour la coupe de France.
Dans l’ordre d’apparition à l’écran :
Saint Jérôme écrivant – Le Caravage (1606)
Le Syndic de la guilde des drapiers – Rembrandt (1662)
L’Enlèvement des Sabines – Nicolas Poussin (1637)
Saturne dévorant un de ses fils – Francisco de Goya (1823)
American Gothic – Grant Wood (1930)
La Persistance de la mémoire – Salvador Dali (1931)
La mort de Socrate – Jacques-Louis David (1787)
La Grande Vague de Kanagawa – Katsushika Hokusai (1831)
Le Désespéré – Gustave Courbet (1845)
Le Radeau de la Méduse – Théodore Géricault (1819)
L’Absinthe – Edgar Degas (1876)
Merci Kptain pour ce CR joliment agrémenté.
A bientôt pour de nouvelles aventures… et de nouvelles ouvertures 😉
Posté par Olivier le 10 octobre 2023.
Une coupe franche
Posté par Olivier B le 11 octobre 2023.
“Il n’y a qu’une seule réponse à la défaite, c’est la victoire” Winston Churchill (allégorie). Bonne chance pour Dimanche.
Posté par Alain K le 13 octobre 2023.
Un compte rendu particulièrement original et artistique !
Posté par Laurent le 13 octobre 2023.
Haha, Chef, quelle érudition et quelle plume ! À demain !
Posté par Antoine le 14 octobre 2023.
Pour un tel compte rendu, ça valait presque le coup de perdre. Mais dans les réserves il y a par exemple la bataille de Bouvines (H. Vernet, 1827), même si un peu datée (1214…), et on ne compte pas les victoires d’Austerlitz et autres à sortir du musée dès que possible.
Posté par Bidard C. le 31 octobre 2023.
Excellent CR !
Posté par Rémi le 18 novembre 2023.