Nat.3 ronde 5 : Cruelle désillusion.
J’entends déjà les mauvaises langues, les jaloux, les aigris et les persiffleurs professionnels. « Bien sûr ! On a droit aux comptes rendus que quand y gagnent. Mais dès qu’y perdent y’a plus personne. Silence radio et odieuse censure stalinienne » (Notez que les mauvaises langues, les jaloux, les aigris et les persiffleurs professionnels ne s’expriment pas dans un français très correct et manient l’outrance sans pudeur ni vergogne).
Je sais bien qu’il manque quelques comptes rendus.
Je constate aussi que, par pure coïncidence, ceux-ci correspondent à de malheureuses – et douloureuses – défaites.
Mais voyez-vous, les reporters de l’échiquier du lac ne sont pas des professionnels.
Et oui ! Malgré leur style direct et percutant, leur langue d’une pureté cristalline et la précision rigoureuse des reportages, nos rédacteurs n’ont pas suivi de cours à l’école supérieure de journalisme de Lille ni à Science Po.
Vous êtes surpris ?
Moi aussi. Parfois quand je lis l’un des comptes rendus de mes camarades ou relis l’un de mes propres articles je ne peux m’empêcher de penser : « Quel style direct et percutant ! Quelle pureté cristalline de la langue ! Et quelle rigoureuse précision du reportage ! »
Mais non. Cette prose exquise et ciselée que l’ensemble de l’internet francophone nous envie est l’œuvre d’amateurs. D’amateurs éclairés et talentueux, certes ! Mais d’amateurs qui ont de nombreuses autres obligations personnelles et professionnelles par ailleurs.
Pour ne citer que deux exemples : notre reporter du match de Dieppe, prépare assidûment un difficile concours de la haute administration qui lui laisse peu de loisir pour peaufiner le compte rendu d’un match à rebondissement ; de même notre reporter du match de coupe de France, outre sa riche vie de famille, est en fréquents déplacement à l’étranger. Aussi l’analyse méticuleuse des parties qu’il réalise est retardée.
Pour toutes ces raisons vous excuserez, je l’espère, le léger bousculement de l’ordre chronologique qui va suivre : je vais en effet vous relater les péripéties du match d’intercercles de la cinquième ronde qui opposa, à Enghien-les-Bains, l’échiquier du lac à l’équipe de Saint-Thomas – Le Havre. Et, pour faire taire définitivement les persiffleurs, vous constaterez que, malheureusement, ce match n’a pas tourné à notre avantage.
De nombreux titulaires ne jouaient pas : Par exemple, notre président bien aimé avait prévenu de longue date de son absence. N’ayant pas donné la moindre raison, les spéculations les plus folles étaient émises par les autres membres de l’équipe : mission pour la DGSE, voyage à Venise en amoureux, trek dans la cordillère de Vilcanota, stage de préparation à l’olympiade de Bakou… Aujourd’hui encore l’interrogation demeure. Et le Prof était mis au repos, son agenda étant surchargé : la veille du match encore il animait un stage de préparation pour nos jeunes espoirs, stage qui porta largement ses fruits comme vous allez le constater – mais n’anticipons pas.
L’équipe accueillait deux nouveaux membres : Christian, dont le style direct et sans compromis avait séduit le capitaine (pensez donc, il avait osé jouer – avec succès de surcroît – une variante très risquée de son début préféré au championnat du Val d’Oise !) et Vincent, le champion départemental de sa catégorie d’âge. Auguste et Joël, après leurs débuts encourageants lors de la ronde précédente, étaient reconduits dans la formation enghiennoise. Abdelkader, Benoît, Emmanuel et Laurent complétaient l’équipe.
L’exploit du jour fut réalisé par Vincent. Très concentré, prenant tout son temps, il développa son jeu sainement. Vigilant, il profita rapidement d’une erreur de son adversaire pour empocher une pièce. Attentif, il contrôla l’avancée d’un dangereux pion passé. Appliqué, il convertit son avantage sans fléchir signant le premier résultat du match. Modeste, il fallut l’insistance de son père à la fin du match pour qu’il avise son professeur de sa performance.
Au septième échiquier, Auguste fut tout aussi concentré et vigilant (mais son adversaire ne lui laissa pas l’opportunité de gagner une pièce). La position, complètement fermée, donna lieu à de nombreuses manœuvres de louvoiement durant lesquelles le jeune enghiennois dégrada peu à peu sa position avant de s’incliner logiquement.
Au cinquième échiquier, Christian n’eut pas l’opportunité de développer son jeu agressif, son adversaire refusant le sacrifice offert dans l’ouverture. De son propre aveu, Christian fut peu à peu étouffé sans avoir rien pu tenter.
J’avoue que je n’ai pas suivi la partie de Joël qui s’inclina lui aussi au sixième échiquier.
Laurent, au troisième échiquier, lutta contre un début qu’il n’apprécie guère. Mais il réussit peu à peu à créer le type de position qu’il affectionne, montant bientôt une dangereuse attaque sur le roi adverse. Malgré un zeitnot aigu, il évita les chausse-trapes et conclut élégamment.
Abdelkader joua une partie typique du Chirurgien : ouverture tranquille, louvoiement, petite combinaison pour gagner un pion, puis très précautionneuse mise en valeur de l’avantage matériel.
Au premier échiquier, Emmanuel avait choisi son habituel début RSCA (retenue, souplesse et contre-attaque). Il tint longtemps la dragée haute à son redoutable adversaire (très redoutable même : il avait déjà battu deux fois le Chef) et avait même probablement un léger avantage. Hélas ! Un moment d’inattention lui fait perdre une pièce sur une grosse gaffe. Quoiqu’acharnée sa résistance fut vaine.
Il fallait donc une victoire du capitaine au deuxième échiquier pour égaliser. Ce fut très bien parti : Benoît réfuta le début de son adversaire, gagnant à la fois un pion et de grosses faiblesses stratégiques dans le camp adverse. Hélas ! Hélas ! Inattention ou déconcentration ? Une grosse bévue lui fait perdre une quantité. Encore plus acharnée, la résistance fut néanmoins tout aussi vaine.
Une défaite douloureuse qui nous met en danger et ne nous laisse plus aucun droit à l’erreur.
Ouais, va falloir assurer !
Posté par Saturnin le 16 février 2016.
Merci pour le résumé de cette ronde 5 !
Maintenant, on va suivre les recommandations de Saturnin….:)
Posté par Laurent le 18 février 2016.
Merci Chef pour ce compte rendu !
L’honnêteté me pousse à préciser que le compte rendu de Dieppe est dans ma boîte mail depuis de longues semaines, mais que j’ai bien comme objectif de le publier ce weekend !
Posté par Antoine le 19 février 2016.
Merci pour ce compte-rendu Chef !
Je précise que Vincent a finit 3ème du championnat départemental de sa catégorie d’âge; c’est son petit frère Thomas qui est champion des petits-poussins 😉
Posté par Emmanuel le 21 février 2016.
This is the Enghien, sir. When the legend becomes fact, print the legend.
Posté par Benoit le 1 mars 2016.