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[N2] Ronde 6 – C’est vraiment trop injuste !

Ce dimanche nous rencontrions le club d’Issy-les-Moulineaux.
Et comme le faisait justement remarquer Laurent durant le trajet aller, nous nous déplaçons encore une fois à Issy-les-Moulineaux. Et ça c’est trop injuste.
Malgré tout le respect que j’éprouve pour celui qui, avec le président de l’échiquier du lac, est unanimement reconnu comme l’un des trois plus dynamiques, efficaces et sympathiques dirigeants d’Île-de-France, je pense que Monsieur Marchand triche.

Je n’accuse pas à la légère : j’ai consulté toutes les archives de l’échiquier du lac depuis 1994. Toutes compétitions confondues, nous nous sommes déplacés mille quatre cent vingt sept fois à Issy-les-Moulineaux. Nous avons reçu à Enghien-les-Bains le club de monsieur Marchand une fois (Hasard ? Coïncidence ? C’était l’année où le bâtiment abritant le club d’Issy-les-Moulineaux était en travaux).
La conclusion s’impose d’elle-même : Monsieur Marchand use de sa grande influence pour que notre rencontre se déroule sur terres.
C’est trop injuste.

Comme vous le savez sans doute déjà, cette saison est difficile.
Afin de mettre tous les atouts de notre côté, j’effectue un suivi détaillé de la composition de chacune des équipe à chacune des rondes. Pour cette sixième ronde, Issy-les-Moulineaux alignait face à nous, une équipe bien plus forte que lors des autres rondes. Et ça c’est trop injuste. Chaque vaillant enghiennois affrontait un adversaire mieux classé que lui, Géraldine devant même en découdre avec une joueuse ayant un classement supérieur de près de huit cents points !
Avec plus de douze équipes engagées en interclubs, Issy-les-Moulineaux aurait tout-à-fait pu choisir d’aligner une équipe à notre portée. Ou, au moins, d’un niveau comparable à celui des rondes précédentes. Mais non ! Faisant fi de toute sportivité, de redoutables champions – jeunes joueurs pleins d’avenir et vétérans très expérimentés – nous étaient opposés. Dès lors, le combat était évidement inégal.
C’est trop injuste.

Mais vous savez aussi tous que l’adversité décuple nos forces. Nous l’avons montré en de multiples occasions, en particulier les années précédentes.
Ainsi Géraldine, qui affrontait une joueuse redoutable avec les noirs de surcroît, fit bien mieux que résister, montrant que ses progrès se poursuivent à un rythme élevé (rappelons qu’elle ne joue aux échecs que depuis deux ans). Mais un tel écart de force ne pouvait être comblé par son seul talent et Géraldine dû déposer les armes.
Immédiatement, Benoît, qui n’avait plus remporté de victoire face à un jouer de première catégorie depuis près de deux ans, égalisait. Exploitant une perte de temps de son adversaire dans l’ouverture, et malgré l’aspect calme et équilibré de la position, malgré les échanges de pièces mineures, malgré la disparition des pions centraux, il montait rapidement une attaque sur le roque adverse couronnée par le gain de la dame venue à la trop tardive rescousse de son monarque.
Profitant immédiatement de l’absence du capitaine enghiennois parti analyser la partie dans la salle contigüe, les adversaires de Laurent et Kader proposèrent nulle. Et ça c’est trop injuste. Privés des conseils toujours judicieux, des instructions motivantes et du regard paternel de leur guide spirituel, les joueurs de l’échiquier du lac étaient désemparés. La mort dans l’âme et sous la pression du tic-tac virtuel de la pendule électronique, mais croyant bien faire assurément, ils acceptèrent.
Sans cette perfidie, nul ne doute que le capitaine enghiennois eut enjoint l’un ou l’autre de continuer sa partie. La suite du match n’eut pas manqué d’en être changée.
C’est trop injuste.

La quatrième heure de jeu bien entamée, le score de parité rendait l’exploit encore possible. Dans les quatre parties restantes, les joueurs du meilleur club de France avec vue sur le lac d’Enghien tenaient la dragée haute aux isséens. L’avantage d’Emmanuel était même flagrant.
Quand soudain, à l’approche du contrôle de temps du quarantième coup, après de si gros efforts face à leurs si formidables adversaires, les enghiennois craquèrent. Et ça c’est trop injuste. Certes, on pourra louer la merveilleuse solidarité de nos joueurs, aucun ne souhaitant connaître une fin différente de celle de ses camarades de combat
Mais franchement, de vous à moi et en toute conscience, trouvez-vous normal que, dans l’âpreté de la lutte, aucun membre de l’équipe adverse ne commette de gaffe décisive ?
Trouvez-vous normal que l’énorme avantage positionnel d’Emmanuel chèrement acquis au prix de subtiles manœuvres se dégrade d’une telle ampleur en si peu de coup ?
Trouvez-vous normal qu’Antoine ait eu à subir à l’analyse les commentaires sarcastiques de son adversaire après avoir fait si longtemps plus que jeu égal avec lui ?
Trouvez-vous normal que Réda se fasse finalement mater après avoir pris d’une part l’initiative du combat dès les premiers coups et d’autre part tous les risques pour forcer la victoire alors que la nulle lui tendait les bras ?
Trouvez-vous normal que les trésors d’ingéniosité dont fit preuve Baroudi, menacé de mat et en grave déficit matériel, pour tenter de renverser le cours de la partie ne soient pas récompensés d’au moins un tiers ou un quart de point ?
Vous en conviendrez, à l’évidence c’est trop injuste.

Tous ces tombereaux entiers de flagrante injustice auraient pu arrêter de se déverser sur nos épaules meurtries à la fin de la dernière partie.
Hélas ! Trois fois hélas ! La lecture des résultats des autres équipes de notre poule montre que nos adversaires ne reculent devant aucune bassesse pour nous porter préjudice.
L’équipe de Lutèce qui, la veille alignait fièrement contre nous une équipe qui ne ferait pas pâle figure en National 1, comme Alain vous le narrait si fidèlement ci-dessous, cette même équipe de Lutèce alignait contre l’un de nos adversaires immédiat une équipe qui pourrait difficilement se maintenir en National 3, lui permettant ainsi de gagner le point du match nul.
Et ça c’est vraiment trop injuste.

Les joueurs de cette équipe sont des combattants inflexibles. Ces injustices répétées ne font que renforcer leur résolution opiniâtre. Ce dimanche, vers vingt heures, les rares et furtifs passants du boulevard Gambetta à Issy-les-Moulineaux pourront longtemps en témoigner tant l’intensité de l’image a gravé ce souvenir dans leur mémoire : les huit enghiennois s’étaient rassemblés en cercle se tenant par la main. Leur regard levé vers le firmament modestement étoilé en cette froide soirée hivernale, les visages burinés par tant d’intenses combats reflétaient une absolue détermination. À certaines paupières, une larme perlait. Mais nul dépit, nulle tristesse ne se lisait sur ces visages, seule une inébranlable volonté était perceptible jusque de l’autre côté du boulevard. Et s’ils avaient été plus proches, ces rares passants auraient pu entendre l’octuor murmurer d’une seule voix une incantation venue du fond des âges, cri de guerre de mille campagnes passées et à venir…

Un commentaire.

  1. Je pense que toute les équipes d’enghien les bains doivent avoir un entraineur, un Manager… N 2, N4, Critérium pour remonter la pente ?

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