Rapport d’évènement numéro 72634-b
Monsieur le commissaire,
Vous m’aviez demandé, le 16 décembre de l’année 2011, d’enquêter sur les dangereux malfaiteurs appelés dans notre milieu Titi, Riri, et Bibi, et qui devaient se rencontrer lors de l’évènement ci-après dénommé GTB8. Qu’allait-il se tramer ce soir-là ?
Bien décidé à vaincre le grand banditisme local, j’arrivai aux alentours de 20h dans leur repaire, trempé par les pluies cinglantes de cette nuit noire. Plusieurs petits malfrats étaient déjà là, mais je ne repérai pas Titi, Riri, ni Bibi. Voulant me faire discret dans cette phase d’observation (fidèle au manuel du policier n°543-livret B-page 15), je m’assis dans un coin, à une petite table, posai dessus la petite boîte en plastique ayant contenu mon maigre sandwich, et sortit mon carnet pour prendre quelques notes.
J’observai alors un processus fort étrange : les bandits, à tour de rôle, vinrent se présenter à moi, et mirent une petite somme d’argent dans ma boîte à sandwich ! Etait-ce un rituel d’introduction, ou me prenaient-ils pour un clochard ?
Titi, Riri, et Bibi avaient enfin rejoint le repaire, et avaient suivi le même rituel. Quelle chance ! Ils avaient l’air de me prendre pour l’un des leurs !
Je les observais tous à tour de rôle, et mentalement tentai d’associer leur visage de malfrat à leur dénomination : il y avait Koc’ dit le danois, Did’ dit the snake, Toto dit le jeunot, Mr Hypercube, Mr President, Dédé dit le dérouleur, bien sûr il y avait aussi Titi, et ses deux hommes de main : Bibi et Riri. Et aussi Gégé, probablement la plus dangereuse de la bande. Nous étions donc onze dans cette salle surchauffée.
Je notai consciencieusement leur nom sur mon carnet de notes, réfléchissant à mon futur rapport, et me demandant toujours l’objet de leur réunion. Tout à coup, ils s’assirent tous, bien alignés, par paire, de part et d’autre d’une longue table. Pour faire bonne figure, je m’assis en face du ci-nommé Koc’-le-danois. Et au signal du ci-nommé Mr President, tous commencèrent à se disputer au sujet des bouts de bois qui étaient disposés devant chacun. On entendit bien des insultes (“Pourquoi j’ai des bouts de bois noirs ?” “Pourquoi je dois me battre contre Riri ?” “Comment il est fort celui-là ?”). Toujours pour faire bonne figure, je criai le même genre de choses à mon homologue : “On gagne pas contre moi ! – si ! – On gagne pas contre moi ! – si ! – On gagne pas contre moi ! – ah oui c’est vrai !” et il me serra la main (j’avais cru pendant un instant qu’il l’avait levée pour me frapper, heureusement, il n’en était rien).
Après cette étrange scène, Bibi se leva, et empoigna mon carnet (bien sûr, je ne voulus pas protester) ! Il se mit à y griffonner tout un tas de symboles étranges : chiffres, croix, petits carrés, traits… Je manquai m’étouffer : un malfrat qui maltraitait le carnet d’un représentant de l’ordre ! Je ne dis rien pour ne pas éveiller les soupçons. Et la scène précédente recommença, tout le monde se disputa au sujet des bouts de bois.
A chaque fois, Bibi s’en prenait à mon carnet, qui finit bientôt par ressembler à ceci (je remplace volontairement leurs noms de gangsters par des prénoms totalement inventés, la plupart faisant l’objet de procès en cours) :
Incompréhensible, n’est-ce pas ?
Les débats au sujet des morceaux de bois furent interrompus au bout d’un moment par un rituel encore plus étrange : deux nouveaux malfrats entrèrent, apportèrent des colis scellés, et repartirent. Je sentais que ma mission touchait au but. Ils s’approchèrent tous des colis, comme captivés, et, au signal de Titi, se ruèrent dessus à grands cris. Ils ouvrirent les paquets, sans ordre aucun, pour découvrir… de la nourriture de contrebande ! Et ils la mangèrent ! Elle était, à dire vrai, plus que délicieuse, et, si elle n’avait pas été acquise par cette bande, elle aurait sans doute coûté très cher et rapporté gros à son propriétaire.
Et les débats reprirent. Ils étaient bien évidemment truqués, Riri perdit ses débats contre Mr Hypercube, Bibi perdit contre Riri, et Titi rafla la mise. C’est à cette occasion que je pus dérober une photo des trois compères (quel bond dans ma carrière elle promettait de me faire faire !) :
Je crus que tout était terminé, mais une dispute éclata : Bibi et Riri pensaient tous les deux être les seconds de Titi, et il ne pouvait en rester qu’un. Je ne pourrais vous décrire comment ils se départagèrent, c’était si compliqué que Riri dût tout se faire ré-expliquer quatre fois. Bibi proposa de faire la paix, Riri se gratta la tête, et se moqua de son compère : il avait gagné.
Profitant de l’agitation, je dérobai un autre cliché :
Ils se séparèrent, et j’étais content de ma mission : ils m’avaient pris pour l’un des leurs, j’avais goûté leur nourriture, et je savais que je pourrais les coffrer plus tard, pour des motifs plus graves que la simple détention de marchandises d’import !
Fin du Rapport d’évènement numéro 72634-b. Stop.
Tu t’es grillé le perdreau.
Si jamais tu te repointes une seule fois à notre QG, t’apprendras à nager dans le lac avec des palmes en béton armé.
Capito ?
Posté par Bibi le 22 décembre 2011.
Les poulets, c’est plus ce que c’était. Ce zig-là a confondu Titi et Riri.
Posté par Titi le 22 décembre 2011.
Super compte rendu ! Nous avons une nouvelle plume (de poulet :)) au club. Vivement d’autres CR !
Posté par Antoine le 22 décembre 2011.
Gloups, si même les cellules de la prison de la santé ont internet maintenant, où va-t-on ?
Posté par admin le 22 décembre 2011.
Simenon se serait-il réincarné ???
Et s’appellerait-il Vivi ???
Posté par Serge le 1 janvier 2012.