Après l’importante victoire de la ronde précédente, j’étais rasséréné. Pour cette troisième ronde matutinale, je n’avais pas donné d’autres consignes que : « amusez-vous ».
En effet, l’adversaire présentant une équipe dont la moyenne Elo surpassait de plus de cent cinquante points la nôtre (quatre vaillants enghiennois devaient même affronter des adversaires ayant un classement supérieur de plus de deux cents points !) le résultat final n’était pas vraiment en doute. Et pourtant…

Après une heure de jeu, je constatai que :
– Tout le monde (sauf Joël et son adversaire) n’avait joué qu’une dizaine de coups, et tous les joueurs des deux équipes avaient une pendule affichant encore environ une heure (même celle d’Olivier).
– Que toutes les positions étaient approximativement égales (sauf celle d’Alain qui avait sacrifié un pion pour perturber le développement de son adversaire… mais surtout le sien).

Géraldine s’inclinait à la deuxième heure de jeu. Elle avait la tâche la plus difficile, et n’hésita cependant pas à accepter les complications proposées par son adversaire dans l’ouverture. La position devint très confuse mais Géraldine perdit une pièce dans une série d’échange. Elle abrégea ses souffrances par une dernière gaffe permettant un mat immédiat. Hénin-Beaumont 1 Enghien-les-Bains 0
Sur les autres échiquiers, les positions étaient approximativement égales sauf celle de Laurent manifestement peu inspiré, tandis qu’Alain et son adversaire n’avaient chacun que deux pièces sorties (le mot « développées » serait tout-à-fait impropre au vu de leurs positions respectives), Alain ayant investi un demi-pion supplémentaire.

À la troisième heure de jeu, Laurent s’était incliné. Il avait joué le début de façon inhabituellement timide et imprécise, et n’avait su saisir l’occasion de se libérer de la pression au prix modique d’un pion. Un jour sans pour notre trésorier. Hénin-Beaumont 2 Enghien-les-Bains 0
Pendant ce temps, Antoine, Réda et Olivier tenaient la dragée haute à leurs redoutables adversaires – toutefois au prix d’un zeitnot encore plus sévère qu’à l’accoutumée pour ce dernier. Joël avait profité d’une erreur adverse pour obtenir Dame et deux pions contre deux tours et Denis dominait peu à peu son adversaire mais dépensait beaucoup de temps. Quant à Alain, il avait regagné le demi-pion et s’apprêtait à terminer son développement lorsque son adversaire lui proposa de partager le point. Évidemment, je suggérai de continuer la partie.

Comme souvent, la décision se fit durant la quatrième heure de jeu.
Joël réduisit le score en réussissant à convertir ses pions d’avance. Une finale très intéressante qui méritera une étude approfondie. Hénin-Beaumont 2 Enghien-les-Bains 1
Denis avait obtenu un net avantage d’espace contrôlant tout le centre. Son adversaire tenta de se libérer par une avancée de pions à l’aile roi quand, en grand zeitnot, Denis perdit subitement tout sens du danger, laissant aspirer son roi, seul, au cœur de la position adverse où il succomba rapidement. Hénin-Beaumont 3 Enghien-les-Bains 1
Au premier échiquier, Antoine avait choisi une défense ambitieuse contre son adversaire Maître FIDE. Il prit immédiatement l’initiative au prix de la paire de fous. Malgré la simplification progressive de la position, son initiative perdurait. Malheureusement, en léger zeitnot, Antoine commettait quelques imprécisions parfaitement exploitée par son redoutable adversaire. Enfin une bonne partie d’Antoine avec les noirs. Hénin-Beaumont 4 Enghien-les-Bains 1
Au deuxième échiquier, Réda affrontait lui aussi un maître FIDE. La position était bloquée et donna lieu à de longues et lentes manœuvres. On appréciera en particulier la promenade royale des noirs : Re8-f8-g8-f8-e8-d7-c6-b7-a8-a7 à laquelle répondit celle de la tour blanche : Ta1-d1-d3-f3-d3-d1-b1-b4-b1. Ce dernier coup se révéla le coup gagnant : l’adversaire de Réda – subjugué par la manœuvre ? – en oublia de compléter son 40e coup. Une victoire un peu chanceuse mais Réda avait réussit à maintenir l’équilibre jusque là. Hénin-Beaumont 4 Enghien-les-Bains 2

Il restait donc deux parties. Si tous les résultats étaient encore possibles pour celle d’Alain, en revanche Olivier ne pouvait espérer mieux que la nulle. Une faute en crise de temps l’avait contraint à donner une qualité, mais un pion passé très avancé laissait quelque espoir de sauver la partie. Une dernière imprécision, permettant à l’adversaire une attaque sur son roi affaibli obligea Olivier à l’abandon. Hénin-Beaumont 5 Enghien-les-Bains 2

Dès lors le résultat d’Alain, n’importait plus pour le résultat final du match. Les deux joueurs continuèrent donc de surprendre presqu’à chaque coup adversaire et spectateurs puis convinrent enfin de partager le point lorsque l’issue fut enfin claire. Hénin-Beaumont 5 Enghien-les-Bains 2

Au final, j’estime que nous offrîmes une résistance bien plus grande que les classements Elo ne le laissaient supposer face à l’équipe que se retrouve maintenant seule en tête du groupe et qu’avec un peu de chance, le match nul était à notre portée.
C’est encourageant avant les prochaines rondes durant lesquels nous affronterons nos adversaires immédiats pour le maintien.