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Nat.2 ronde 1 : Les Retrouvailles !

Après deux années d’abstinence (l’unique sortie gastronomique dans la capitale de l’Artois comptant évidemment pour du beurre) nous retrouvons enfin les échiquiers et pièces en vrai bois et les adversaires en chair et en os. Finies les parties sans âme sur internet, les lâchés de pièce sur la mauvaise case à cause d’une souris capricieuse ou les interruptions brutales dues à une box en fin de vie. Nous pouvons enfin jouer aux échecs !

Certes nous avons été expulsés de notre magnifique salle avec vue sur le lac, mais le bridge club d’Enghien a bien voulu nous accueillir, qu’il en soit encore une fois ici remercié chaleureusement.

Certes les tables de bridge ne sont pas idéales pour notre sport : un peu basse à mon goût, la feutrine qui les recouvre n’est pas idéale pour la transcription des coups des parties et leur stabilité relative ne permet pas d’affronter sereinement des zeitnots effrénés.

Certes les passes sanitaires réclamés à l’entrée, les petites bouteilles de gel hydro-alcoolique sur les tables et les masques portés par chacun nous rappellent que nous ne sommes pas encore complètement revenus à la normale.

Mais nous pouvons enfin jouer aux échecs ! C’est-à-dire saluer les équipiers que l’on n’a pas croisé depuis plusieurs mois, frissonner à la lecture de feuille de match, ressentir la concentration des partenaires, la confiance des adversaires mais aussi retrouver l’ancien président-professeur-premier échiquier de l’« échiquier du lac » version fin de années 70 début des années 80 pour parler du bon vieux temps.

Car jouer aux échecs ce n’est pas seulement déplacer des morceaux de bois réels ou virtuels sur un plateau ou un écran. C’est aussi ressentir les émotions partagées entres équipiers et adversaires. Sentir la surprise après un coup imprévu, le doute quand la réponse à apporter n’est pas claire, la tension alors que la pendule égrène inexorablement et bien trop vite les secondes. Deviner l’agacement devant la résistance imprévue d’un adversaire jugé inférieur ou la résignation lorsque l’issue de la partie ne fait plus de doute. Et ces émotions sont aussi bien celles des participants que des spectateurs-équipiers qui jaugent les variantes, jugent les positions, espèrent des suites favorables et imaginent les possibles résultats.

Après de longs mois de privation nous pouvons enfin jouer aux échecs !

Et pour cette rentrée, pour notre premier combat, nous devons affronter la redoutable équipe d’Asnières qui compte dans ces rangs de très nombreux grands maîtres dont le numéro un français Maxime Vachier Lagrave !

En fait non. Aucun grand maître durant cette rencontre. Nous n’affrontons que l’équipe 2 d’Asnières 😉 . Toutefois, avec en moyenne 150 Elo d’écart en faveur de nos adversaires sur tous les échiquiers le combat semble très déséquilibré.

Monique, pour son premier match avec nous, est convaincue de jouer avec les blancs et s’est préparée en conséquence. C’est une grosse déception quand je lui annonce qu’elle a les noirs.
De fait son début de partie n’est pas un modèle de stratégie. Elle se retrouve bientôt en net désavantage positionnel mais s’accroche et obtient finalement un échec perpétuel. Hélas ! Optimisme ou précipitation (sa pendule affichait encore les 1 h 30 mn à la fin de la partie) elle préfère prendre du matériel et doit bientôt s’incliner. [spoiler]. Son énergie et son enthousiasme permettront bientôt de marquer des points [/spoiler].

Enghien-les-Bains 0-1 Asnières

Les championnats de France des jeunes débutent bientôt et Nathan (vice-champion d’Île-de-France) montre qu’il est prêt. Il réalise la perf du jour face un adversaire à qui il rendait plus de 200 points Elo. Après une ouverture tranquille Nathan domine peu à peu son adversaire. Celui-ci se lance dans une escarmouche tactique pour tenter de redresser la pente. Mais avec un grand sang-froid Nathan maîtrise les complications pour obtenir deux magnifiques pions passés centraux qui décident rapidement du résultat.

Enghien-les-Bains 1-1 Asnières

Pour ma part, face à l’ancien président de la fédération française des échecs, j’ai joué un début quelconque et dû trouver un ou deux coups précis pour maintenir l’équilibre. Mon adversaire a manqué une occasion de prendre un petit avantage après quoi la position n’offrant plus aucune perspective j’ai accepté sa proposition de nulle.

Enghien-les-Bains 1-1 Asnières

Notre président a joué un début très original (« j’ai compris que mon début n’était pas théorique quand mon adversaire a réfléchi longuement au troisième coup ») et s’est rapidement retrouver avec position que l’on pourrait aisément qualifier du nom d’un ancien préfet du département de la Seine sous la troisième république mais je ne voudrais pas manquer de respect…
Alain a déjà réussi à tenir de telles positions mais cette fois, les affaiblissements concédés ont été fatals.

Enghien-les-Bains 1-2 Asnières

Olivier a résisté à la pression constante de son adversaire mais a oublié une « petite combinaison » qui perdait un gros pion. Afin de garder quelques chances il a préféré donner une qualité pour espérer que son pion passé central lui laisse quelques chances. Hélas ! son adversaire ne lui en a laissé aucune, simplifiant la position jusqu’à une finale de roi et pions aisément gagnée.

Enghien-les-Bains 1-3 Asnières

Après plus de trois heures de jeu, malgré notre retard au « tableau d’affichage » rien n’est joué : la position d’Antoine est très compliquée et Kader mène une grosse attaque sur le roi ennemi. Quant à Emmanuel il résiste tant bien que mal.

Tant bien que mal car, à l’analyse, l’ancien président du premier échiquier du lac a trouvé des ressources qui auraient mis en difficulté notre deuxième échiquier. Mais durant la partie, et malgré un grand zeitnot réciproque, Emmanuel a résisté bec et ongles à la pression pour sauver un précieux demi-point.

Enghien-les-Bains 1-3 Asnières

Je vous disais plus haut que la position d’Antoine était très compliquée. Je pensais même qu’elle était favorable à notre premier échiquier malgré la simplification opérée par son adversaire : le cavalier centralisé et le bon fou me semblaient les éléments déterminants de la position. En fait c’est la différence d’activité des deux rois qui a fait la différence. Et Antoine a perdu un pion.
Il s’est alors défendu comme un lion posant sans cesse de nombreux problèmes à son adversaire. Si bien qu’après plus de cinq heures de jeu, ce dernier a laissé échapper le gain.

Enghien-les-Bains 1-3 Asnières

Le match est cette fois définitivement perdu. Mais Abdelkader ne compte pas en rester là.
Il a tranquillement repoussé l’expansion adverse à l’aile dame puis a inexorablement augmenté la pression à l’aile roi. Face aux nombreuses menaces de mat son adversaire s’est défendu avec précision et a repoussé l’assaut. Kader a néanmoins continué de manœuvrer puis a gagné la paire de fous et quelques coups plus tard un pion. Après plus de six heures de jeu, il a éventé un dernier piège pour remporter une brillante victoire.

Enghien-les-Bains 2-3 Asnières

Compte tenu de la forte opposition, ce résultat est encourageant pour la suite de la compétition car d’une part nous limitons le départage au strict minimum et nous montrons que ces quelques mois n’ont pas entamé notre combativité.

Bravo à Nathan et Abdelkader pour leur brillante prestation.
À nous tous de confirmer ce résultat lors des prochaines rondes.

2 commentaires.

  1. Merci Chef pour ces CR, c’est toujours un plaisir de vous lire !

    Et quel plaisir de revenir sur l’échiquier après deux ans d’abstinence !

  2. Ahh, Kptain, ta prose est toujours aussi inspirée !
    A croire que pendant le confinement, tu as, comme les jeunes pour les échecs, continué d’entraîner ton titre de GM en écriture par des série de CR rapides sur LiWrite :)
    Bon, à nous de gagner nos partie pour te donner du baume à la tâche de journaliste conteur.
    A demain

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