[Coupe de France] 128e de finale – Qualification contre Le Chesnay-Versailles
Compte rendu de Laurent, arbitre de la rencontre
Relatons pour commencer l’ambiance qui régnait au sein de l’équipe avant d’aborder ce match : nous avions en mémoire le petit incident de l’année dernière qui avait certainement bien entamé la sérénité et la concentration de l’équipe…et qui avait un peu contribué à notre mauvais résultat… enfin bref, il était temps de réaliser que cela faisait 7 ans que nous n’avions plus passé le troisième tour !!
Nous allions en plus rencontrer une équipe très expérimentée qui, chaque année, passait avec une surprenante régularité les tours préliminaires. Il y a quelques années, je me rappelais avoir rencontré deux fois leur premier échiquier, et avoir régulièrement inscrit deux bulles sur mes feuilles de partie !
Lorsque nos adversaires arrivèrent en ce dimanche 9 janvier, je remplissais les feuilles de match, et constatait notre relatif avantage théorique sur le papier : Le Chesnay alignait quand même des joueurs à 2150 sur les 2 premiers échiquiers !
Le combat promettait d’être rude, et il le fut !
Réda était venu soutenir l’équipe, et moi, j’assurais les missions d’arbitre, mais aussi de reporter, puisque Antoine m’avait embauché à la toute dernière minute en me confiant sa caméra vidéo… Attention ça tourne !
La partie du… Chef
Le Chef a les noirs, il dépense beaucoup de temps sur les premiers coups :
D’ailleurs, il m’inquiète un peu : déjà 50 minutes de dépensé pour les 9 premiers coups ! pas de zeitnot qu’il disait… mais la position est de nature très stratégique, trouver le bon plan n’est pas aisé, et demande de se creuser un peu les méninges… ainsi il choisit de jouer d5 pour renforcer sa domination de la case centrale e4.
Néanmoins, la position blanche semble légèrement préférable à cause de leur avant poste bien installé en e5. Ce petit avantage sera de courte durée quand les blancs décideront d’échanger leur fou contre le cavalier f6.
Benoît aurait pu reprendre de façon naturelle avec son fou, mais il préfère détériorer la structure de pions de son aile roi en reprenant du pion g ! Il obtient ainsi en compensation deux avantages bien plus importants : une colonne g ouverte, et surtout le contrôle de la case e5, le puissant cavalier blanc est obligé de rebrousser chemin, et leur principal atout dans cette partie a disparu….
La position devient maintenant plus facile à jouer pour Benoît qui est maintenant mieux au temps !
Les blancs ne trouvent pas la bonne suite, mais la partie reste longtemps égale avec juste un léger avantage aux noirs.
Exploitant par la suite quelques imprécisions techniques de son adversaire qui et sous la pression du zeitnot, Benoît obtient cette position prometteuse :
Certes l’avantage des noirs est évident : fou actif, tour c2 infiltrée dans le camp ennemi. Mais il s’agit maintenant de ne pas se tromper, et de trouver la bonne suite dans cette position critique. Nous sommes au 32e coup, que jouez-vous avec les noirs ?
Benoît joua dans la partie 32…h5 ! Les blancs jouèrent 33. gxh5 ( 33. g5 était peut-être plus résistant, mais le roi noir va s’infiltrer aussi en passant par g6), et après 33…Rh6 le monarque noir va s’infiltrer de manière décisive pour prendre un point très précieux.
EDL 1 Le Chesnay-Versailles 0
La partie d’Antoine
Au 1er échiquier, Antoine et son adversaire s’engagèrent rapidement dans un combat stratégique autour de la case e4 ! Déjà au 6ème coup, la manœuvre d’Antoine plongea son adversaire dans une longue réflexion, qui décida finalement d’échanger son fou b4 pour détériorer la structure de l’aile dame blanche (plan thématique me direz-vous).
Dans cette structure de Nimzo, le plan est souvent pour les blancs de jouer f3 et e4 pour obtenir un fort centre de pions, et envisager une attaque sur le roi.
En revenant sur la position d’Antoine, je m’aperçois avec étonnement qu’il a joué e3 et non e4 ?! En fait, il voulait laisser la diagonale ouverte pour son fou, et garder de la flexibilité à son centre de pions.
Toutes les pièces blanches étaient développées harmonieusement, et visuellement, on était même tenté de leur donner un petit avantage.
Mais en examinant un peu mieux la position qui reste fermée, on s’aperçoit que les fous blancs ne sont pas suffisamment actifs, les noirs ont par contre réussi à prendre de l’espace à l’aile roi, tout en disposant au mieux leurs pièces, notamment leurs cavaliers.
Dans ce type de position, une seule imprécision est souvent fatale, Antoine aurait peut-être dû faire le choix de verrouiller le centre en poussant d5, quitte à réduire les possibilités de son fou de cases blanches. Finalement, il oublie un coup qui donne l’avantage, et une initiative très dangereuse à son adversaire.
Antoine saura trouver les ressources pour compliquer la position au maximum, mais avec la pression du temps, il finira par abandonner après une partie de plus de 40 coups très animée et disputée. EDL 1 Le Chesnay-Versailles 1
La partie de Baroudi
Après un début très tranquille des deux côtés, le 15ème coup des noirs indique que Baroudi souhaite jouer une finale un pion isolé en d5, et ma première impression était de donner un petit avantage blanc, mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que toutes les pièces noires sont actives, et notamment le roi noir venu se rapprocher du centre.
Autre point important que Baroudi me rappela après la partie, tous les pions noirs ont été judicieusement placés sur cases blanches !
On peut dire qu’à ce moment, il doit y avoir une approximative égalité.
Mais les blancs compliquent la position, ils jouent a4 suivi de Ta1. Nous sommes au 32e coup qui mérite un diagramme :
Baroudi va dépenser beaucoup de temps sur cette position pour en extraire toutes les subtilités, et finit par jouer 32…a5 !?
Les blancs décidèrent finalement de jouer 33 Fb6 ?! (ils auraient dû jouer simplement 33.bxa5 a3 34.a6 et chaque camp a son pion passé !) Tc8 34 Fxa5 ? (34.bxa5 a3 35.a6 était meilleur) Txc3 !! + 35 Rd4 (évidemment si 35 Rxc3 Fe5 + suivi de Fxa1) 35…Fxb4 !!
Baroudi, par des coups très précis, arrivera à gagner cette finale très technique de tours avec un pion de plus, et permettra à l’Échiquier du Lac de reprendre l’avantage : EDL 2 Le Chesnay- Versailles 1
La partie de Manu
Manu a les blancs, et décide de jouer activement en sacrifiant un pion dans l’ouverture.
Nous sommes au 15ème coup, et un diagramme sera bien plus parlant.
Alors que les noirs ont joué 14…a6 attaquant le fou blanc, Manu joue 15 Ce5 !! sacrifice très subtil, qui donne une très forte attaque, même sur les meilleures défenses noires.
15…a6xb5 Les noirs ont accepté le sacrifice des blancs, mais ils n’avaient de toute façon pas beaucoup de coups à leur disposition, par contre ils commettent l’erreur décisive après 16 Cxd7, en reprenant avec le cavalier f6 16…Cf6xd7 ? car un deuxième sacrifice assomme les noirs : 17 Tfxf7 !! (eh oui, sur 17.. Rxf7 ?? suit 18 Dxh7 + Rf8 19 Fh6 mat ! )
On se dit que la partie va se terminer très rapidement, et nous obtenons la position suivante, où manifestement, le roi noir est bien mal à l’aise… Psychologiquement, quand on a déjà sacrifié un fou et une tour, même si c’est un pseudo-sacrifice, il n’est pas évident de sacrifier encore une troisième fois :
La position blanche est clairement gagnante, et Manu qui a beaucoup de coups à sa disposition, oublie complètement Txd7 ! avec attaque de mat (ou gros gains matériels) après Df6+, mais la fatigue, la tension du match, sont aussi des éléments qui interviennent dans une partie. Après deux propositions de nulles refusées par les blancs (la finale après l’échange des dames qui eut lieu par la suite était encore en leur faveur), celle-ci fut finalement conclue, ce qui était synonyme de qualification pour le prochain tour !! Manu se reprocha après la partie d’avoir raté la conclusion finale. Néanmoins, je trouve que c’était une très belle partie, et l’objectif premier n’était-il pas de gagner ce match ? EDL 2,5 Le Chesnay-Versailles 1,5
Comme quoi parfois, il faut être patient …
Rendez-vous le 30 janvier pour les 64e de finale à Drancy (club de N1 !).
Pourquoi Antoine n’a-t-il pas droit à un diagramme ? Il est puni ? Il boude ? Sa partie était trop moche ? Il ne se souvient plus des coups ?
Posté par Benoit le 22 janvier 2011.
Antoine aurait du m’envoyer un diagramme ! sa partie était trop compliquée pour que je me rappelle bien de sa position.
En fait,je n’ai rien reçu, je pense qu’il boudait….
Posté par Laurent le 23 janvier 2011.