Après la déroute de la veille, ce dernier match n’a plus aucun enjeu pour nous. Aussi les seules instructions du capitaine sont : Amusez-vous ! Ces instructions sont très diversement interprétées.

Laurent a joué à Max Linder, somnambule sur le toit d’un immeuble et menaçant à chaque instant de s’écraser huit étages plus bas. L’attaque blanche devient de plus en plus dangereuse, le spectateur redoute la chute. Et alors que son adversaire vient de se créer une seconde dame, Laurent se rattrape à la gouttière par un joli échec perpétuel.

Combat surréaliste au sixième échiquier où, après un début raté Arnaud est bien revenu dans la partie. Mais à l’approche du contrôle de temps, les Monty Python entrent en scène pour la finale de tour la plus drôle que j’ai vu depuis la partie Valentin – Matthéo au championnat de Sarcelles petits poussins. Et à la fin, tel le chevalier sans bras et sans jambes de Sacré Graal proposant nul, Arnaud a tenté un dernière arnaque. Mais son adversaire a lâchement refusé.

Dans sa jeunesse, quand Réda jouait à chat il se cachait dans un coin et attendait que le chat soit juste à côté de lui pour s’échapper. Adrénaline garantie. Il a joué de la même manière pour ce match : je mets ma dame dans un coin de l’échiquier et j’attends le dernier moment pour m’échapper. Il y a eu malheureusement un petit problème de timing…

Kader est impassible. Quelles que soient les aventures sur l’échiquier, tel Droopy, il reste imperturbable. Et pourtant son adversaire n’a pas été avare de pitreries (par exemple les subtiles manœuvres Th8-g8-g7-g8 et Ta8-c8-a8 alors que seule la colonne d était ouverte). D’un flegme imperturbable Kader a amélioré sa position puis ramassé le matériel offert.

Alain est un sadique. Pour lui s’amuser signifie martyriser cruellement pendant des heures une pauvre jeune femme : Après moult manœuvres tortueuses, gagner un pion au bout de quarante coups, un second vingt coups plus tard et de s’étonner que la malheureuse victime abandonne après encore une heure de supplice.

Géraldine a joué à « chiche ? – pas chiche ? ». Chiche que je me développe normalement ? Chiche ! Pas chiche d’avoir une bonne position ? Chiche ! Chiche que je fais des graves affaiblissements autour de mon roque ? Chiche ! T’es pas chiche de mater mon roi dans les courants d’air ? Ah zut ! Si, il est chiche !

Montagnes russes pour le capitaine. Benoît s’est amusé pendant au moins quinze coups : je calcule le sacrifice en e6, celui en d5, en f5, en b5, et si je laisse le cavalier en prise en c3. Mais bientôt c’est bien moins drôle : je calcule comment résister le plus longtemps avec un pion de moins. Et de nouveau le sourire : ouf ! je gagne deux pions ça va peut-être gagner. Ah non la finale doit être nulle. Ah si ! Il a choisi la mauvaise variante.

Enfin je ne sais pas à quoi Antoine a voulu jouer. Peut-être à « plouf plouf ! Est-ce-que-j’attaque-à-l’aile-dame-ou-à-l’aile-roi ? » ou bien à « Ma position est trop bonne, faut que je fasse quelque chose pour équilibrer les chances » ou encore à « Tiens combien de coups je peux tenir avec une pièce de moins ? »

Bref les instructions ont été plus ou moins bien suivies mais j’imagine que nos adversaires ne nous en tiennent pas rigueur.