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[N3] ronde 8 : dernier déplacement.

Pour ce dernier déplacement de la saison à Senlis, j’étais inquiet de l’absence de nombreux titulaires car il ne s’agissait pas de prendre nos adversaires à la légère. Une victoire était indispensable afin d’alimenter le maigre espoir d’un improbable faux-pas de Rueil-Malmaison, j’invitai donc notre jeune espoir Wing-Hing à faire ses armes dans l’équipe première.


Tout le monde était à l’heure au rendez-vous et le voyage ne fut guerre perturbé que par une poule faisane suicidaire qui égaya le pare-brise de ma luxueuse limousine de quelques plumes mordorées (selon Alain qui pilotait sa propre luxueuse limousine quelques dizaines de mètres derrière la mienne, le volatile imbécile en réchappa).

L’accueil fut sympathique et détendu. L’équipe senlisienne était elle aussi un peu affaiblie, nous étions donc légèrement favoris.

Catastrophe après seulement quelques minutes de jeu : Baroudi commit une grosse gaffe (faute de main ? déconcentration momentanée ? pas encore dans la partie ?) qui, malgré ses efforts pour compliquer la situation et sa résistance désespérée, fut décisive en raison de la précision de son adversaire.
Senlis égalisait a un partout.

Égalisait en effet car, tandis que Baroudi tentait par maints stratagèmes de renverser la situation, Wing-Hing avait déjà profité de l’affaiblissement des cases noires adverses – en particulier de la grande diagonale et de la case e1 que le roi blanc avait oublié de quitter – pour se remplir les poches.

La situation évolua favorablement quand, après une partie mouvementée durant laquelle quelques pions furent généreusement donnés de part et d’autre, Géraldine infligea un clouage mortel au fou adverse.

Mais Senlis égalisa bientôt. Maximaliste comme à son habitude, Antoine était entré dans une variante de début très complexe dans laquelle il sacrifia deux pièces pour une tour et l’attaque. C’est du moins ce qu’il semblait à mes coups d’œil superficiels. En fait l’adversaire d’Antoine démontra que l’initiative était de courte durée, et fit valoir son avantage matériel.

À deux partout j’étais un peu soucieux – et pas seulement à cause de ma position. Les pendules des huit joueurs (oui, même celle d’Alain !) encore en lice s’approchaient dangereusement du zéro tandis que les positions restaient compliquées.
Tout était encore possible.

Après quatre heures de jeu, c’est Laurent qui redonnait l’avantage à l’échiquier du lac en remportant une partie qui m’a semblé très propre : après avoir transformé une sorte d’ouest-indienne en est-indienne (sic), Laurent maîtrisa avec patience la pression adverse au centre et à l’aile dame tout en mettant en branle son attaque à l’aile roi, attaque qui porta finalement ses fruits.

Comme ma position était bien compromise, mais celle de Réda probablement gagnante, je suggérais à Alain de faire nul afin d’assurer la victoire.

Comme chacun sait, il est parfois difficile de gagner les parties gagnantes.

Après avoir repoussé avec sang froid et précision l’assaut immédiat de mon adversaire, et tandis que la partie s’acheminait vers une nulle tranquille, je voulus finasser et lâchais un pion sans compensation. Mon adversaire augmenta peu à peu son avantage d’espace me réduisant à la plus grande passivité. Mais ma pseudo-forteresse n’était pas facile à casser, et au lieu d’un sacrifice d’un ou deux pions pour infiltrer son roi, mon adversaire pressé par le temps choisit de transposer dans une finale de roi que j’annulais de justesse.


Les deux capitaines sont prêts pour le combat.

Au même moment ou presque, Réda avait réussit à ne pas perdre sa finale gagnante.
Après avoir dominé peu à peu son adversaire dans les complications tactiques et obtenu une jolie finale avec un pion b contre deux à l’aile dame et pions f, g, h contre pion h à l’aile roi, avec un cavalier et un fou (de couleur opposée) de part et d’autre, Réda s’était mis en mode panique, probablement pas tout à fait remis de son zeitnot.

Il ne restait donc plus qu’Alain (je n’ai pas dû être assez explicite, ou bien Alain ne m’avait pas entendu, perdu dans les calculs des complications de sa position).

Comme à l’accoutumée, le début fut excentrique, le cavalier b1 attendant presque le trentième coup pour sortir de son box. La position fut longtemps très compliquée (euphémisme pour signifier que je n’y comprenais rien) avec quasiment toutes les pièces sur l’échiquier et un léger avantage d’espace pour Alain. Trop occupé par ma partie, je ne saurais dire ce qu’il s’est passé mais Alain a finit par gagner du matériel qu’il fit fructifier non sans atermoiements.

L’échiquier du lac remportait donc, avec difficulté, le match sur le score de 4 à 2 et attendait avec impatience le résultat du match Rueil-Malmaison – Canal Saint-Martin…

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