Cht du VO du vendredi R1 : Les Professionnels.
Ce vendredi l’échiquier du lac rencontrait l’équipe de L’Île-Adam pour la première ronde du championnat du Val-d’Oise du vendredi soir.
Notre statut de double (? triple ? quadruple ?) tenant du titre nous obligeait.
Et le rôle de capitaine par intérim de Benoît l’obligeait doublement après qu’Olivier B. – capitaine en titre de l’équipe – l’avait fort efficacement remplacé lors de la deuxième ronde d’interclubs (cf. son compte-rendu ci-dessous).
Nous pouvons dire avec assurance que la mission fut couronnée de succès et que les joueurs de l’échiquier du lac firent preuve d’un rare professionnalisme que nous pouvons qualifier sans fausse modestie de « soviétique ».
Comme à la grande époque de Botvinnik ou Petrossian, ils firent nulle avec les noirs et gagnèrent avec les blancs.
Précisons que les parties nulles furent très propres, sans histoire et nos victoires limpides et méritées. Parties de professionnels vous dis-je.
Nan ! J’déconne !
Heureusement qu’Nathan était là pour rel’ver l’niveau.
Paske les autres… Bonjour la bouillie ! Et que j’t’affole le centipoinnomètre ! Et que j’te fais des ronds d’jambe :
« À vous de gagner Monsieur »
« Je n’en ferais rien Monsieur »
« J’insiste : à vous l’honneur Monsieur »
« Vous êtes trop aimable Monsieur »
Et que j’te donne des pions, des cases, des perpet’… C’était black friday avant l’heure, la grande braderie, buffet à volonté…
Bon OK J’me calme.
J’ai dit : heureusement qu’y avait Nathan.
Mais faut pas croire que sa partie était un chef-d’œuvre non plus. C’était la moins pire, c’est tout : Il n’a jamais été perdant lui.
Début correct, réfutation des erreurs adverses : échange d’un pion de l’aile contre un gros pion central des noirs ; tout va bien, en voiture Simone, y’a plus qu’à dérouler.
Mais soudain, j’sais pas c’qui lui passe par la tête, v’là qu’il nous sort un plan à la Benoît. Au lieu de mettre en branle sa majorité centrale ou de partir à l’assaut du roi dégarni, il nous ouvre des lignes à l’aile dame et laisse l’opportunité à son adversaire d’obtenir un échange inespéré F+C contre T+pion. Ledit pion dans les starting-blocks à la Ben Johnson JO de Séoul 88.
Mais comme indiqué plus haut c’était la soirée des politesses : « Je vous en prie, à vous de gagner » etc.
La partie a donc repris son cours « normal » et Nathan a gagné.
Après quoi Serge a ajouté un deuxième point. Enfin non : l’adversaire de Serge a donné un deuxième point à l’échiquier du lac.
Serge a commencé les amabilités : « prenez mon pion e4, Monsieur » « Mais non Monsieur, reprenez votre coup, je vous laisse le défendre » « Que nenni Monsieur, ce pion central est à vous » « Bon, puisque vous insistez ».
Avec ce gros pion d’avance, l’adversaire de Serge a disjoncté. Il s’est mis à faire des trous partout à l’aile roi. Et même pas des gros trous au foret de 25. Non, il y est allé carrément au marteau-piqueur. À tel point que malgré son gros pion central de moins Serge avait un avantage décisif.
C’est alors que les amabilités ont continué : « Ah !? j’ai dû oublié de regarder la pendule. Je pense que mon temps est écoulé » « En effet, cher Monsieur. Et c’est bien dommage, la partie était fort passionnante » etc.
Puis Benoit et son partenaire ont fait nulle.
Enfin, La vérité historique c’est plutôt : Benoît et son partenaire ont refusé de gagner.
Le capitaine enghiennois par intérim avait accepté le gambit et obtenu une position très correcte quand les horreurs ont commencé. D’abord une pointe tactique assez facile oubliée par les deux partenaires (après une partie comme ça, j’peux pas dire les deux adversaires).
Malgré son net avantage Benoît aurait dû accepter la nulle proposée, ça nous aurait évité de voir les co… chonneries qui ont suivi.
Je résume : Benoît a fortement insisté pour transformer son gain en position perdante et son partenaire a systématiquement refusé, préférant la nulle. Et finalement Benoît n’a pas eu le dernier mot.
Pour la dernière partie, je mérite le prix Nobel de patience ou la béatification pour abnégation. M’sieur le Pape si tu nous lis…
J’vous ai déjà décrit les pattes de mouche d’Alain K. (et j’suis pas gentil avec les mouches).
…
Non, c’est pire
…
Encore pire.
Bref, com’ d’hab’ je regarde la feuille de partie de son adversaire.
Elle est tout à fait lisible, elle.
MAIS
Oui il y a un gros « mais » (c’est pour ça que j’mérite la béatification) : à partir du 15e coup environ, tous les 4 ou 5e coups sont faux.
J’vais pouvoir m’inscrire au championnat du monde de résolution d’analyse rétrograde, j’ai maintenant toutes mes chances.
Bon. Après plusieurs heures de retranscription j’ai enfin une partie correcte légale.
À défaut d’être très théorique, la partie a été longtemps équilibrée. Jusqu’à une finale de cavalier comme j’en ai vu seulement en championnat de blitz de Sarcelles catégorie petits poussins.
Et puis les compères se sont quittés bons amis.
Donc une victoire 2-0 dont j’hésite à publier le CR, tellement on risque d’être la risée de toutes les autres équipes du championnat.
Enfin, avec un peu de chance, les protagonistes ont fait chacun leur pire partie de la saison.
Mais c’est même pas sûr…
Excellent.
Même en insistant pour perdre, l’équipe gagne donc
Il faut dire que le vendredi soir, les joueurs peuvent être plus créatifs à force de fatigue !
Ca me rappelle Obélix dans je ne sais plus quel album, qui voulant montrer son émouvante faiblesse à Panoramix aux fins d’avoir une dose de potion magique, fait semblant d’arracher un arbre et…l’arrache vraiment, à son grand énervement intérieur.
Posté par Olivier le 26 novembre 2024.